Sur
une Terre ou les humains ne sont plus que des dieux de légendes,
différentes communautés cohabitent selon des règles
strictes imposées par les lais de L’Humpur. Les grognes, les hurles,
les miaules, les siffles, les aboyes, les bêles, les ronges… cohabitent
tant bien que mal, certains servant de nourriture aux autres. Ainsi la
viande des grognes est très prisée des communautés
carnivores. Véhir, le grogne n’accepte pas la condition qui est
la sienne et il s’enfuie de son village et entame un périple qui
sera plein de rencontres improbables ou il se rendra compte de la régression
qui frappe les communautés et qui l’amènera à enfreindre
bien des tabous. Sa quête de savoir lui fera découvrir ce
qu’il est advenu des anciens dieux humains.
Pierre Bordage nous emmène ici dans un récit initiatique,
à la suite d’un jeune paysan grogne qui brave les conventions de
sa condition. Si la trame et la conclusion du roman ne sont pas d’une folle
originalité, l’intérêt du récit provient en
grande partie du talent de l’auteur à faire vivre son univers, notamment
en créant un langage très évocateur que parlent ses
créatures. Le récit aurait peut être aussi gagné
à être un peu moins explicatif, notamment dans la fin du roman
qui nous explique de manière un peu lourde la genèse de l’univers
dans lequel on a été plongé pendant plus de 400 pages.
Un peu plus de mystère n’aurait pas nui. Ces petits défauts
n’enlèvent cependant rien au plaisir immense que procure la lecture
de ces fables. |