Marseille,
années 2030, ville surpeuplée, polluée dont les bas-fonds
sont le repère de toutes sortes de criminels. Dans ce futur glauque,
un tueur balance du haut des immeubles des morceaux de bronze sur les voitures
circulant sur l’autoroute, provoquant ainsi de véritables hécatombes.
La police piétine et le commissaire Griffier fait appel à
Serge Lançon, un marginal qui grâce à ses visions prémonitoires
a déjà aidé à résoudre deux affaires
difficiles. L’inspecteur Canavese ne voit pas d’un très bon œil
l’arrivée de Lançon sur l’enquête, et celui-ci se voit
confier au bon soin de l’inspecteur Dutilleux chargé de l’accompagner
en permanence. Canavese et Lançon mènent parallèlement
leurs enquêtes, l’un enquêtant dans les milieux de l’art moderne
et côtoyant le gratin de la société, pendant que l’autre
cherche à identifier un suspect. Mais parallèlement à
la trame policière du récit, l’auteur nous plonge également
dans le quotidien de ses protagonistes, réussissant à conjuguer
parfaitement ses deux aspects de l’histoire.
Ce qui marque tout de suite dans ce roman, c’est l’ambiance et les personnages.
Ambiance de déliquescence, d’un quotidien peu reluisant, d’un monde
sans avenir. Servis par des personnages surprenant aux caractères
complexes et souvent contradictoires, des antihéros absolus en quelques
sorte. Ainsi Serge Lançon peut héberger chez lui un ancien
amis devenu camé ou s’attendrir sur le sort d’une petite fille paralysée,
pour ensuite se montrer absolument odieux et même cruel, notamment
dans ses relations avec les femmes. Les relations hommes-femmes semble
d’ailleurs réduites uniquement au désir sexuel et à
un rapport de force. Chaque personnage semble enfermé dans sa solitude
et sa souffrance personnelle, incapable de s’ouvrir aux autres. Le personnage
qui semble finalement être le plus humain du roman est un androïde
!
Le futur que nous décrit Paul Borrelli, futur d’ailleurs plus
souvent suggéré que décrit est noir, très noir,
sans concession, ce qui n’empêche pas l’auteur de caser une dose
d’humour ici ou la en contrepoint de la noirceur ambiante. Ici, pas de
héros sans faille, mais des personnages ordinaires qui font leur
boulot et mènent leur vie le moins mal possible. On peut être
rebuté par la noirceur de l’histoire et la crudité du langage,
pourtant ce serait passer à coté d’un roman passionnant,
mélange original de polar et de SF qui mérite vraiment d’être
découvert. |