Archeur
est l’employé de la Garmac, l’une des trois grandes transnationales.
La guerre n’utilise plus d’humains, mais des clones. La Travis Ltd paye
tous ceux qui lui font don de leur code génétique (essentiellement
les chômeurs). Le boulot d’Archeur consiste à recenser les
clones morts lors des affrontements codifiés qui tiennent désormais
lieu de guerres. Affligé d’un boulot répugnant, il est de
plus flanqué d’un coéquipier imbécile. La routine
déjà peu reluisante est chamboulée lorsqu’un jour,
Archeur découvre sur un champ de bataille un clone encore vivant
qui lui affirme ne pas être un clone.
Archeur est ensuite envoyé sur Mars pour une mission nébuleuse
où il découvrira les horreurs d’un système qui a franchi
toutes les limites de la décence.
Après Number Nine, un premier roman déjà
très noir, Thierry Di Rollo récidive avec ce nouveau récit,
d’une lecture toutefois plus agréable. Archeur est un personnage
désabusé, qui survit dans un système qu’il sait pourri
jusqu'à la moelle. Il sait également qu’il en est l’instrument,
et ne se gêne pas pour remettre à leur place les parfaits
représentants du système qui croisent sa route, ce qui donne
des dialogues aux répliques cyniques assez savoureuses. Mais son
aventure va lui montrer que pour survivre dans ce monde sans espoir, il
faut malgré tout feindre d’y croire et fermer les yeux sur des horreurs
inconcevables.
La fin du roman est peut-être un peu trop extrême dans sa
démonstration, mais Archeur est tout de même un excellent
petit roman montrant que si l’on nie l’humanité des clones, on ouvre
la porte à tous les excès. |