Dès
les premières pages de Tomorrow’s Parties, le lecteur est
immergé dans un futur à la fois étrange et familier,
distorsion de notre présent où la technologie et la misère
se côtoient de la plus surprenante manière. Difficile en revanche
de résumer l’intrigue du roman. On y croise un grand nombre de personnages
sur lesquels l’auteur s’attarde le temps d’un bref chapitre avant de passer
au suivant. On fait ainsi la connaissance de Laney qui vit dans un carton,
dans le couloir d’une station de métro de Tokyo. Par suite d’un
traitement expérimental, il a la faculté de s’imprégner
des données du réseau et de visualiser dans ce magma d’information
les points nodaux de l’histoire, des moments clefs qui influencent à
jamais le futur. Pressentant la venue de l’un de ces points nodaux, Laney
demande à Barry Rydell, un ancien flic reconverti en agent de sécurité
dans une chaîne de grands magasins, de se mettre à la recherche
d’un tueur insaisissable dans la ville de San Francisco. On suit également
d’autres personnages en parallèle, tel Chevette, l’ancienne petite
amie de Rydell, Rei Toei, une entité virtuelle, Silencio, un étrange
jeune garçon fasciné par les montres, Harwood, un richissime
homme d’affaires, et bien d’autres… Autant de personnages et d’histoires
parallèles que les évènements amènent peu à
peu à converger vers ce fameux et mystérieux point nodal.
Côté intrigue, c’est un peu nébuleux. Même
arrivé à la moitié du roman, il est difficile de savoir
où tout cela mène, car la relation entre les divers fils
de la trame reste assez confuse. De plus, il faut bien reconnaître
qu’il ne passe pas grand chose tout au long du récit, et ce n’est
pas la conclusion plutôt énigmatique qui laissera le lecteur
sur une bonne impression. Mais finalement ce n’est pas très grave,
car on prend plaisir à s’immerger dans l’univers de William Gibson
en suivant chaque personnage. C’est la seule force de ce roman : il s’en
dégage au fil des pages une ambiance particulière et envoûtante,
grâce à l’art que met l’auteur à brosser son univers
par petites séquences. Cette atmosphère fascinante fait –
presque – oublier la faiblesse de l’intrigue.
Tomorrow’s Parties n’est donc qu’à demi réussi
malgré son décor étonnant, et laisse un peu le lecteur
sur sa faim.
Rajoutons enfin que certains des personnages de Tomorrow’s Parties
sont issus des précédents romans de l’auteur, Lumière
virtuelle et Idoru. Sans doute la lecture préalable de
ces deux romans permet-elle de mieux apprécier celui-ci, même
s’il se suffit néanmoins à lui-même. |