Valemar
est un courtisan insouciant et sans substance de la cour d’Etrara, qui
passe son temps à écrire des poèmes vides de sens
en hommage à la beauté de quelque belle courtisane. Les intrigues
de son cousin Narrion le conduisant à s’exiler loin de la cour pour
la première fois de sa vie, il se réfugie quelque temps à
Tobol An, un petit village de pêcheurs. Cette retraite forcée
est l’occasion pour le jeune homme naïf de commencer à voir
la vie autrement, car ses rencontres avec les villageois sont bien différentes
de ce qu’il imaginait. Pendant son absence, les intrigues ont continué
bon train à la cour. Le Roi a été empoisonné.
Sa sœur s’est emparée du pouvoir et s’empresse de faire régner
la terreur, allant jusqu'à déclencher une guerre avec le
royaume voisin. Bien des désillusions attendent Valemar lors de
son retour à Etrara.
Mais un autre danger sans doute bien plus grand menace le monde. Tous
les ans, lors de la Fête du Dieu Ascendant, Scathiel, le Dieu de
l’hiver, descend sur terre et cède sa place aux cieux à son
frère Calladriel, le Dieu de l’été. Mais cette année,
après la fête, les jours continuent de raccourcir : Calladriel
n’est pas remonté dans les cieux, menaçant ainsi le monde
d’un hiver éternel.
Lisa Goldstein nous offre ici une fantasy qui vaut surtout par son univers.
La religion originale d’Etrara qui fait partie intégrante de la
vie sociale, la magie liée à l’emploi des mots (les mages
étant des poètes qui créent des invocations d’autant
plus puissantes que leurs poèmes sont complexes), sont autant d’éléments
réussis qui contribuent à créer un décor et
une ambiance originale.
L’intrigue, quant à elle, est des plus classiques : elle épouse
le parcours initiatique d’un jeune homme fondamentalement bon mais très
naïf, appelé à s’élever très haut sur
l’échelle sociale. Le parcours de Valemar lui fera comprendre que
le pouvoir, ce n’est pas seulement s’élever pour prendre la place
d’un autre, mais c’est avant tout assumer la très lourde responsabilité
de son peuple, ce que les courtisans décadents d’Etrara ont oublié,
trop préoccupés par leurs intrigues sans fin destinées
à accroître leur pouvoir personnel.
Cependant, si la lecture du roman est agréable, il y manque tout
de même un petit quelques chose. On ne s’attache guère aux
personnages dont les motivations restent assez floues ou trop banales et
l’histoire ne réserve guère de surprises, surtout dans la
deuxième moitié du roman. Un récit sympathique donc,
mais loin d’être inoubliable. |