Passons
sur le titre français de ce roman, d’une platitude déconcertante,
ainsi que sur une couverture tellement insignifiante qu’on pourrait la
qualifier d’invisible. Intéressons-nous au contenu plutôt
qu’au contenant.
Les chemins de l’espace raconte l’histoire de Sophie Farthing,
qui a vécu toute sa vie en compagnie de son père sur Port
de Haut, un port spatial en orbite au-dessus de la Terre. Alors qu’elle
a quinze ans, Sophie fait une étrange rencontre avec un personnage
qui reconnaît la bague qu’elle porte, seul souvenir de sa mère
disparue. Elle comprend alors que son père ne lui a pas dit la vérité
sur ses origines et elle n’aura de cesse qu’elle n’ait appris qui était
sa mère. Sophie quitte donc Port de Haut pour la première
fois de sa vie et s’embarque avec toute sa candeur et sa naïveté
dans une longue quête qui la conduit dans tous les coins du système
solaire.
Le plus souvent, c'est l'héroïne qui raconte son histoire.
Et elle passe beaucoup de temps en descriptions de lieux, de personnages
et de force détails souvent futiles. Cela permet de donner corps
à un monde assez insolite, transposition de l’Angleterre Victorienne
dans un cadre de space opera. Cet univers est celui d’un XIXe siècle
un peu bizarre où les navires voguent de planète en planète
sur les courants de l’éther et où l’on croise quelques extraterrestres.
Mais ce décor baroque qui aurait pu être original reste une
toile de fond sans véritable intérêt : il ne sert jamais
de moteur à une intrigue qui aurait tout aussi bien pu se dérouler
au ‘‘vrai’’ XIXe siècle sans que rien ne change vraiment.
C’est là le principal problème : l’intrigue est bien
trop mince et suit des chemins cent fois balisés. Le résultat
de la quête de l’héroïne ne laisse guère de place
au suspense, et dès le milieu du roman il n’y a même plus
le moindre doute sur l’identité de ses parents. Dès lors,
la suite de l’histoire se déroule sans grand intérêt,
le récit ne réservant pas la plus petite surprise jusqu'à
son inévitable et attendue conclusion.
Reste un univers baroque décrit avec un vocabulaire particulièrement
riche. Cela justifie-t-il un volume de 400 pages ? A la fin de son histoire,
l’héroïne nous dit (page 385) « Cher Lecteur, je pense
que vous avez fait preuve d'une immense patience pendant tout ce temps,
et cela a été très long, surchargé de petites
complications, de digressions et d'infinis détails de choses ordinaires
qui n'ont dû présenter aucun intérêt pour vous
». Voilà qui résume très bien la situation. |