Jean-Marc Ligny

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Bibliographie de l'auteur



 
Jihad
(1998 - Denoël Présences) ++++
[Prix Rosny Aîné 1999]
JihadDans un futur proche, alors que la guerre fait rage en Kabylie, un petit village est attaqué et ses habitants massacrés. Un berger témoin du massacre apprend à Djamal Saadi que sa sœur a été violée et tuée par un mercenaire français nommé Max Tannart. Dès cet instant, Djamal ne pense plus qu’à la vengeance. Il part pour la France, à la recherche de celui qu’il croit être le meurtrier de sa sœur. En fait, celle-ci a survécu et a échoué à Paris où elle est contrainte de se prostituer.
En France, un Parti National au relent fascisant est au pouvoir. Le racisme, la méfiance et la dénonciation sont de règle. Des milices font régner un ordre brutal et les médias sont à la botte du pouvoir. Dans ce pays où la couleur de sa peau et son type ethnique suffisent à provoquer des réactions hostiles qui attisent sa haine, Djamal se fraye un chemin sanglant afin d’accomplir sa vengeance.

Le récit s’attache donc aux pas de Djamal, mais pas exclusivement. On suit également le parcours de sa sœur Fatima et celui de deux journalistes qui ont bien du mal à exercer leur métier face à la censure qui voudrait les museler. A travers le parcours de ces personnages et de quelques autres, Jean-Marc Ligny brosse ainsi le portrait d’un monde à la dérive, et bien plus que l’accomplissement d’une vengeance, Jihad est avant tout la vision saisissante d’une France où les quartiers riches sont gardés par des milices privées, où les médias ne diffusent qu’une propagande décervelante, où l’individualisme-roi conduit inévitablement à la haine des autres et où la violence entraîne la violence dans une spirale sans fin. Cette vision du futur est d’autant plus terrifiante que rien ne différencie l’époque du roman de la nôtre, si ce n’est le contexte politique qui offre une amplification des travers actuels de notre société. Mais l’anticipation de Jean-Marc Ligny est si crédible et si proche de nous qu’elle en fait froid dans le dos.

Cependant, le personnage principal, lui, se moque totalement de la politique. Il n’est que la victime d’un système totalitaire qui s’appuie sur la peur et la violence, notamment en utilisant des criminels comme Max Tannart comme pilier des ‘‘forces de l’ordre’’.
Jihad est donc un roman qui dérange et donne à réfléchir. Mais c’est également un roman palpitant et plein de rebondissements, écrit dans un style rapide et fluide. Bref, toutes les conditions sont réunies pour en faire un grand roman, du genre de ceux qui marquent la mémoire du lecteur pour longtemps.

Inner City
(1996 - J'ai Lu 4159) ++
Au XXIème siècle, les inners passe la majeure partie de leur temps en Haute Réalité, connecté à leur console dans un monde virtuel. Certains en vienne même à se déconnecter complètement de la Basse réalité et à se perdre dans le réseau. Kris est un agent de Mens Sana, chargé de récupérer les inners perdus dans la réalité virtuelle. Il apparaît dans le réseau un fantôme tueur, impossible à localiser que Kris est chargée de traquer.

Un regard assez effrayant sur les excès de la technologies et des réalités virtuelles, mais aussi un roman d’aventure bien mené, peuplé de personnages aussi intéressants que pittoresques tels la grande Zora, chef d’un clan d’outers, qui vivent en banlieue, coupés de la société technologique, ou encore de la grand-mère de Kris, Alice qui vie en Bretagne, et qui à été laissée sur la touche par le progrès imposé…

Cyberkiller
(1993 - Fleuve Noir SF 39) ++
Un mystérieux virus appelé Cyberkiller s’introduit dans le réseau Maya et provoque la morts des gens connectés au réseaux auxquels il s’attaque. Deckard, un decyb qui traque les hackers et autres pirates du réseau est chargé de l’enquête. Enquête qui le conduira à s'associer avec Virus, un hacker qu'il traquait depuis longtemps.

Ce roman se déroule dans le même univers que Inner City, mais quelques années avant. La division du monde entre outers, qui vivent dans la misère, et les inners qui passent la plupart de leur temps connectés aux réalité virtuels est déjà bien avancé. Le récit est mené avec rythme et efficacité. Même si la résolution de l’intrigue est un peu décevante, l'intérêt du livre se situe surtout dans l’univers et les personnages parfaitement décrit.

Succubes
(1990/1998 - Fleuve Noir SF 49) +
SuccubesCe roman est la réédition en un volume et remaniée de Démons et Sorciers, parus en 1990.
Feïn, l’idiot du village est emmené par les servants de Gallova afin d’êtres offerts en sacrifice à la divinité. Son amie Phalène prends alors la route et sème la révolte. Thazi saisi la première occasion qui lui est donner de quitter le village de pécheurs dans lequel elle a toujours vécu.
Voici le point  de départ d’un récit fantastique dans un monde ou les gens craignent les créatures magiques qui peuplent la nuit et ou la montée de l’Immense Océan menace les villes.

Difficile malgré quelques scènes saisissantes d’appréhender ce monde. L’histoire est assez confuse et l’on a du mal à accrocher aux personnages. Bref, Jean-Marc Ligny semble bien plus à l’aise dans la SF que dans la Fantasy.

Les oiseaux de lumière (Chroniques des Nouveaux Mondes)
avec Mandy
(2001 - J'ai Lu Millénaires) ++
[Prix Tour Eiffel 2001]
Les oiseaux de lumièreÇa commence comme un space opéra des plus classiques : Un richissime client, Oligarche régnant sur la population d’un astéroïde, engage un contrebandier pour emmener son jeune fils dans une chasse hautement illégale aux oiseaux de lumière, ces étranges créatures presque entièrement constituées de lumière, qui depuis quelques années traversent le système solaire, et dont on ne sait quasiment rien. Mais, ce qui s’annonçait comme une affaire simple et lucrative tourne assez vite au fiasco pour Oap Täo, le contrebandier, qui se retrouve pris en flagrant délit et emprisonné.

C’est alors qu’intervient l’une de ses anciennes connaissances, Frieda Koulouris, journaliste fondatrice d’un groupe de presse important et secrètement amoureuse d’Oap Täo. Celle-ci paye la caution de l’aventurier et facilite son évasion, avant de l’engager pour une nouvelle chasse aux oiseaux de lumière. Mais cette fois-ci, c’est une chasse à la connaissance, dont le but est de découvrir la nature de ces fascinantes créatures. A partir de là, le roman dévie peu à peu et nous entraîne dans une direction que rien ne laissait entrevoir au départ. Oap Täo, qui semblait être le héros au début du récit, cède peu à peu la place à Frieda et à Hu-Reï, une mystérieuse et singulière journaliste qui vient s’immiscer dans l’aventure et qui va chambouler les certitudes de ses deux compagnons. Leurs pérégrinations les conduisent à travers la galaxie, à la rencontre de bien étranges extraterrestres et à la découverte de l’origine des oiseaux de lumière. Et ce qui commençait comme un space opéra d’aventure se clôt sur une fin étonnamment poétique.

Si Les oiseaux de lumière est un roman plaisant, il a néanmoins quelques défauts : Au début du roman, Oap Täo fait rapidement figure de fugitif, mais la chasse à l’homme vers laquelle semble s’orienter de prime abord le récit se trouve finalement reléguée au rang d’anecdote hâtivement conclue. De même, Oap Täo devient étrangement falot dans la deuxième partie du roman, s’effaçant au profit des deux femmes qui l’accompagnent, ce qui peut paraître surprenant de la part d’un vieux baroudeur de l’espace. Même si l’évolution est progressive, il y a un déséquilibre entre le début du roman et sa fin, le virage qui s’opère dans les objectifs du récit n’étant pas totalement réussi. Le style de l’auteur est alerte et familier, mais peut-être parfois un peu trop contemporain dans les dialogues, alors que l’histoire est censée se dérouler en 2432.

Malgré ces petites faiblesses, Les oiseaux de lumière reste cependant un bon roman d’une lecture agréable. Un roman qui, à défaut d’être inoubliable, donne l’envie d’en savoir plus sur l’univers de ces Chroniques des Nouveaux Mondes.


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