Les
éditions Mnémos nous proposent encore une fois de découvrir
un nouvel auteur de fantasy qui se lance d’emblée dans une grande
saga, La pierre de Tu-Hadj. Ce premier volet commence par
l’enfance de deux jeunes orphelins que tout oppose a priori. Lucas est
un jeune moine prometteur officiant dans un petit monastère loin
des centres de l’Eglise et du pouvoir, alors que Wilf est un vagabond recueilli
par un maître-tueur qui fait de lui son apprenti. Tous deux vont
assez rapidement se retrouver réunis par le destin et plongés
au cœur d’intrigues qui menacent l’Empire d’effondrement.
Le sang d’Arion ne sort jamais vraiment des canons du genre et le début
ne réserve guère de surprises. Les personnages restent assez
mal dégrossis et un peu trop caricaturaux, malgré leur cheminement
peu banal. Les figures secondaires sont également plutôt sommaires
et l’on ne sait pratiquement rien de leurs motivations ; elles ont aussi
un peu trop tendance à disparaître de la scène, le
récit suivant toujours Wilf et Lucas.
L’intrigue ressemble davantage à une suite d’épisodes
distincts qu’à un récit suivi. On passe d’un événement
à un autre sans que les uns influent vraiment sur les autres, ce
qui fait que certains passages arrivent parfois un peu comme un cheveu
sur la soupe, comme par exemple le début de romance entre le jeune
tueur et une aristocrate de la cour, qui se conclut de manière bien
peu convaincante, et dont on n’entendra plus parler par la suite.
Les différents épisodes du récit sont également
de qualité inégale : ainsi, après un passage plutôt
réussi au palais du Csar, les batailles qui s’ensuivent paraissent
bien pâles, malgré leur conséquence sur l’empire.
Tous ces défauts n’empêchent cependant pas le récit
d’être d’une lecture agréable. Bien qu’un peu confus, l’univers
de l’auteur, sorte de version parallèle de la Russie tsariste, est
riche en possibilités. Ce n’est certes pas d’une folle originalité,
mais on a vu bien pire, surtout dans un premier roman. Certains rebondissements,
quoiqu’un peu artificiels, relancent l’intérêt même
si beaucoup d’éléments restent obscurs à la fin de
ce premier volume, notamment tout ce qui tourne autour de la magie. Alors,
attendons de voir comment va évoluer la série. En somme,
malgré ses petits défauts de jeunesse, ce roman mérite
le détour. |