Début
du troisième millénaire, le monde est en faillite, ravagé
par la pollution. Les classes dirigeantes préservent leurs privilèges
au détriment d'une majorité de plus en plus pauvre et de
plus en plus nombreuse. Né prématurément d'une mère
droguée qui l'abandonne aussitôt, atteint d'une déformation
à la mâchoire et de poumons déficients, Job Napoléon
Salk déjoue le sort qui a mis toutes les chances contre lui et survit
miraculeusement à sa naissance difficile. Il est placé au
centre de Cloak House, un foyer pour les enfants perdus comme lui, qui
manque cruellement de moyens au point de ne pas pouvoir assurer une nourriture
décente aux pensionnaires du centre. Job s'échappera, sera
récupéré et utilisé par des trafiquants, emprisonné
etc... Toute sa vie ne sera qu'un parcours du combattant, rythmé
par les épreuves qu'il devra affronter pour survivre dans un monde
sans pitié.
Charles Sheffield nous décrit un futur terriblement noir, et
d'autant plus terrifiant que parfaitement crédible, où les
systèmes politiques et économiques sont en faillite, où
la pollution chimique et nucléaire prend des proportions démesurées.
La science et les scientifiques sont, comme souvent, accusés de
tous les maux, cibles faciles sur lesquels se déchargent les puissants
qui dirigent le monde dans la seule optique de préserver leur mode
de vie luxueux et leur pouvoir. Sheffield s'attache à nous raconter
la vie d'un enfant qui, dès le départ, a toutes les chances
contre lui. Il n'est pas né du bon côté de la barrière
et jamais il n'a la moindre chance de voir son sort s'améliorer
dans un monde où la majeure partie de l'humanité en est réduite
à lutter quotidiennement pour sa survie. Pourtant, malgré
cette noirceur ambiante, c'est quand même l'espoir qui prédomine,
à l'image du héros qui affronte à chaque instant,
à chaque épreuve, son destin misérable, sans jamais
baisser les bras. Le frère des dragons est un roman coup de poing,
très efficace et qui se lit d'une traite tellement il est passionnant. |