Dan Simmons

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Bibliographie de l'auteur



 
Le Styx coule à l'envers
(1997 - Denoël Présences) ++
Un excellent recueil de nouvelles souvent au frontière du fantastique, mais toujours intéressante et originale, avec quelques perles comme la nouvelle qui donne sont titre au recueil.
L'éveil d'Endymion
(The rise of Endymion - 1997 - Robert Laffont Ailleurs & Demain) +++
 [Locus 1998
L'éveil d'EndymionAprès un répit de 4 ans sur la vieille Terre, Raul Endymion et Enée reprenne leur périple, séparément cette fois. Sur Pacem, capitale de la Pax, le pape viens de mourir. Réélu après sa résurrection sous le nom de Urbain XVI, il déclenche une croisade contre les extros, ce qui vaut au Père-Capitaine DeSoya de reprendre du service. Sur Mars, des millions de corps congelés sont retrouvés après une apparition meurtrière du Gritche. Difficile de résumé ce long roman (700 pages) qui conclue la gigantesque saga entamé avec Hypérion. Car cette fois-ci Simmons lève le voile sur les mystères des précédents volumes, à travers les décors grandioses visités par Raul Endymion, les manigances du techno-centre et de la Pax. Un long roman qui sans atteindre la qualité des débuts conclu néanmoins en beauté ce cycle.
L'échiquier du mal
(Carrion comfort - 1989 - Denoël présence du futur 607 & 608) ++++
 [Locus 1990
L'échiquier du mal - tome 2L'échiquier du mal - tome 1Décembre 1980. Mélanie Fuller, une vieille dame de la bourgeoisie américaine reçoit Nina et Willi, deux de ses vieilles connaissances, dans la ville de Charleston. A priori, quoi de plus banal. Mais la réunion annuelle de ces trois amis n'a rien de banal, ils y discutent de meurtres plus ou moins atroces commis durant l'année écoulée en s'en attribuant le mérite, ce qui leur vaut un certain nombre de points en fonction de la difficulté et de l'atrocité du crime. Ce sont des vampires psychiques, ils ont la capacité de prendre le contrôle de l'esprit d'autres personnes et de leur faire faire ce que bon leur semble. L'humanité leur sert de pion dans ce qu'ils ne considèrent que comme un jeu. Mais la rivalité entre ces êtres les pousse à se défier entre eux et la réunion de cette année dégénère. Le shérif du coin se retrouve alors avec une série de meurtres qui défie toute logique. La fille d'une des victimes du carnage cherche en vain à comprendre pourquoi son père a été tué, jusqu'à ce qu'apparaisse un vieux psychiatre juif, rescapé des camps de la mort, qui leur raconte son histoire terrifiante, et la quête qu'il mène depuis cette époque à la poursuite de Willi, qu'il a reconnu comme l'un de ses tortionnaires nazis.

Ce point de départ ne suffit pas à décrire l'ampleur de l'intrigue mise en place par l'auteur au long de ce pavé de plus de 1200 pages. Le récit prend son temps et avance avec un luxe de détails que l'on pourrait trouver lassant. Mais non, pas un seul instant on ne s'y ennuie et Dan Simmons réussit ici un vrai tour de force avec cet énorme roman qui réussit à être palpitant de bout en bout. Grâce à une superbe idée de départ, magnifiquement exploitée, il nous tient en haleine et nous décrit la gigantesque partie d'échecs que se livrent ces êtres possédant un si terrifiant pouvoir. A la fois thriller, roman d'horreur et de fantastique, L'échiquier du mal est un très grand roman. Il serait dommage de passer à côté.

Les Forbans de Cuba
(The Crook factory - 1999 - Flammarion imagine) +++
Les Forbans de CubaEn 1942, l’agent spécial Joe Lucas est convoqué par J. Edgar Hoover, le tout-puissant patron du FBI. Celui-ci lui confie une mission bien singulière : il doit se rendre à Cuba où l’écrivain américain Ernest Hemingway s’est mis en tête de créer un réseau de contre-espionnage qu’il a baptisé l’usine à forbans. Lucas doit lui servir de conseiller technique tout en surveillant ses activités.
De prime abord, cette mission ressemble à une voie de garage pour Lucas. Hemingway et ses acolytes forment une bande de joyeux amateurs inoffensifs qui rêvent de capturer des espions nazis et même un sous-marin allemand ! Mais, ce qui à première vue ressemble plutôt à une mascarade révèle peu à peu des dessous troublants, et l’agent du FBI ne tarde pas à s’inquiéter d’une situation beaucoup plus compliquée qu’il n’y paraissait de prime abord. Le réseau d’amateurs d’Hemingway soulève en effet bien des questions inattendues…

Les Forbans de Cuba mêle allégrement la réalité historique à la fiction. Le personnage de Joe Lucas, qui fait office de narrateur, assure le lien entre ces deux facettes du roman. Dan Simmons nous plonge vraiment dans l’époque qu’il décrit, en évoquant la vie de famille d’Hemingway « comme si l’on y était ». Réceptions, ballades en bateau, réflexions sur l’écriture, Dan Simmons ne nous épargne absolument aucun détail, mais sans jamais nous lasser. L’alternance de ces parties quasi biographiques centrées sur la personnalité d’Hemingway avec celles dévolues au personnage de Joe Lucas, plus mouvementées dans la tradition du roman d’espionnage, atteint un parfait équilibre. L’intrigue imaginée par Dan Simmons pour coller au plus près des faits historiques est très astucieuse, et l’auteur s’est visiblement beaucoup amusé à ce petit jeu. Ainsi, outre Hemingway, de nombreux autres personnages historiques font une apparition dans le roman, à commencer par J. Edgar Hoover qui donne lieu dès le début à un vrai morceau d’anthologie. Mais on croise aussi au gré du récit Marlene Dietrich, Gary Cooper ou Ingrid Bergman. Quant à Ernest Hemingway, figure centrale du roman et véritable moteur du livre, c’est un personnage exubérant, flamboyant, fantasque, colérique, mais surtout énigmatique. Et cette personnalité complexe que Joe Lucas s’efforce de cerner restera jusqu’au bout un mystère insaisissable.

Dan Simmons nous livre une nouvelle fois une oeuvre riche et touffue, mais dont la lecture est d’une limpidité exemplaire. Un petit détail tout de même : Il s’agit d’un roman d’espionnage. Ici pas la moindre trace de science-fiction ni de fantastique. Qu’importe, c’est un très bon bouquin, et c’est l’essentiel, non ? Il faut même saluer l’aisance avec laquelle l’auteur se joue des étiquettes et passe avec bonheur d’un genre à l’autre.


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