Le
samouraï virtuel débute par la livraison d’une pizza. Rien
que de très banal a priori. Mais la pizza en question doit être
livrée impérativement dans les 30 minutes suivant la commande
et le moindre retard risque de créer des ennuis invraisemblables
au livreur fautif. L’entreprise de livraison de pizzas est gérée
par la mafia dont les représentants se baladent avec des blousons
portant l’inscription MAFIA en gros dans le dos. Hiro Protagoniste est
un bien étrange livreur de pizza, c’est également un hacker
indépendant et le meilleur sabreur du monde virtuel dont il est
l’un des pionniers. Il se ballade d’ailleurs constamment avec deux sabres
de samouraï à la ceinture. Sa dernière livraison se
passe mal, son camion finissant dans une piscine, mais Y.T. une jeune kourière
qui se déplace sur une planche à roulettes ultra perfectionnée,
lui sauve la mise en livrant la pizza dans les temps.
Dès la première scène du roman, Neal Stephenson
nous étonne en transformant la livraison d’une pizza en une course-poursuite
étonnante, drôle et follement inventive. Il en profite pour
nous plonger dans un futur proche riche d’inventions et de détails
absolument sidérants : des planches à roulettes semi-intelligentes,
des chiens de garde cybernétiques qui se déplacent plus vite
que le son, des banlieues-états minuscules avec leurs propres lois
différentes de celles du quartier voisin, un univers virtuel très
crédible etc… pas de doute, l’auteur a de l’imagination.
Là où les choses se gâtent, c’est du côté
de l’intrigue. Elle tourne autour de l’apparition d’un mystérieux
virus qui semble affecter à la fois le monde virtuel et le monde
réel. Neal Stephenson se lance alors dans des explications complexes,
digressions fastidieuses qui rompent complètement le rythme du récit.
Le roman fait ainsi alterner des passages extrêmement réjouissants
et d’autres particulièrement ennuyeux ou l’auteur semble recopier
une encyclopédie. On passe sans coup férir d’un long et soporifique
cours sur la civilisation sumérienne à une hilarante note
des services fédéraux sur l’utilisation du papier toilette.
Enfin, un dernier reproche : la fin expéditive laisse un goût
d’inachevé à ce roman pourtant très imaginatif, mais
trop confus et dispersé pour être vraiment convaincant. |