Quatrième
volet de la saga commencée avec La stratégie Ender,
Les
enfants de l’esprit reprend la où s’était arrêté
Xénocide : le Congrès Stellaire a envoyé une flotte
détruire la planète Lusitania qui abrite le virus mortel
de la descolada, mais où se trouvent aussi, outre les colons humains,
les seuls représentants de deux races extraterrestres, les pequeninos
et les doryphores.
Le Congrès Stellaire prépare également la coupure
du réseau ansible permettant la communication instantanée
entre les diverses planètes humaines, effrayé qu’il est par
la découverte de l’existence de Jane, la conscience née de
ce gigantesque réseau informatique. Jane se retrouve donc menacée
de disparaître à tout instant.
A la fin de Xénocide, lors de la première expérience
de voyage aux Dehors de l’espace, sont apparus Val et Peter, deux émanations
de l’esprit d’Ender qui se sont matérialisées à l’image
que celui-ci garde de son frère et de sa sœur. Ces deux personnages
aux origines singulières tiennent une place très importante
dans le roman. Card disserte longuement sur leur nature et leur identité.
Peter et Val représentent chacun une facette de la personnalité
complexe d’Ender. Sont-ils de simples marionnettes contrôlées
par l’aiúa (l’âme) d’Ender ou ont-ils leur propre individualité
? Les circonstances pour le moins particulières de leur ‘‘naissance’’
rendent leurs relations avec leur entourage d’autant plus difficiles.
Mais Card se complique encore la tâche en faisant intervenir
nombre d’autres personnages secondaires, comme Si Wang-mu, ancienne servante
de la planète de culture asiatique La Voie, qui accompagne Peter
sur Vent Divin pour essayer de convaincre le Congrès Stellaire de
changer d’avis. Val, quant à elle, part à la recherche de
la planète qui est à l’origine du virus de la descolada avec
l’aide de Miro, l’un des fils de Novinha, la femme d’Ender.
Enfin, il y a Jane, menacée de mourir et qui pourrait bien trouver
refuge dans un corps de chair et de sang avec l’aide des arbres-pères
des pequeninos et de la Reine des doryphores.
A vouloir trop en faire, l’auteur s’égare dans d’interminables
discussions sur les relations entre les personnages et leurs problèmes
psychologiques, d’autant plus lourdes que les développements de
l’intrigue ne sont pour la plupart guère surprenants. Il néglige
d’autre part des voies pourtant prometteuses, comme l’exploration des différents
mondes colonisés par les humains ou encore la découverte
d’une nouvelle race extraterrestre. C’est dans ces trop rares moments que
l’on trouve les meilleurs passages du roman. Quant aux doryphores et aux
pequeninos, ils sont confinés dans un rôle trop anecdotique
et la résolution du conflit avec le Congrès Stellaire apparaît
bien fade et trop rapide.
Force est de l’admettre, on est bien loin des chefs-d’œuvre que sont
La
stratégie Ender et La voix des morts. Orson Scott Card
se perd dans une intrigue devenue trop complexe. Traînant derrière
lui les évènements des trois précédents romans
de la saga, il introduit ensuite de nombreuses idées dont il semble
bien en peine de se dépêtrer. Son écriture d’habitude
si fluide devient ici pesante et bien trop souvent prévisible. Triste
conclusion pour la saga d’Ender que ces Enfants de l’esprit qui
sans être un roman catastrophique sont peut-être bien le plus
mauvais livre de leur auteur. |