Arthur C. Clarke

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3001, l'odyssée finale
(3001, the final odissey - 1994 - J'ai Lu 5120) 0
3001, l'odyssée finaleEn ce début de troisième millénaire, l’astronaute Frank Poole est récupéré alors qu’il dérivait dans l’espace depuis mille ans. Ramené à la vie, il découvre la civilisation de ce futur lointain.

Quel catastrophe ! Voilà tout ce qu’on peut dire de cette nouvelle odyssée désastreuse. Clarke récupère l’un des protagoniste du premier roman pour garder le lien avec la série, et sous ce prétexte nous décrit un monde de l’an 3001, dépourvu de la moindre originalité. Après plus de 150 pages de néant, on réactive le fameux monolithe, histoire de rajouter un brun de suspense. Et on conclu par une fin dont le ridicule est digne d’un navet cinématographique comme Independance Day.

Ce roman est l’exemple même de la suite qu’il n’aurait surtout pas fallu écrire.

10 sur l'échelle de Richter
avec Mike McQuay
(Richter 10 - 1996 - J'ai Lu Millénaires) +++
10 sur l'échelle de RichterAvant toute chose, il convient de préciser que bien que le nom de Arthur C. Clarke soit écrit en gros sur la couverture du livre, celui-ci s’est contenté, comme il s’en explique clairement dans sa postface, d’écrire un synopsis de 850 mots et que le roman a été entièrement rédigé par Mike McQuay.

L’histoire, maintenant… Nous somme en 2024. Lewis Crane dirige une fondation dont le but est de prédire les séismes. Véritablement obsédé par les tremblements de terre depuis que l’un d’eux a tué ses parents alors qu’il n’était qu’un enfant, Crane est un génie visionnaire, voire mégalomane, dont les projets gigantesques provoquent l’incrédulité de la majorité. Il faudra attendre qu’une de ses prévisions se réalise pour que l’on se mette à l’écouter.

Le début de 10 sur l’échelle de Richter fait penser au scénario d’un gros film catastrophe hollywoodien. C’est plein de bruit et de séquences spectaculaires et l’on suit le combat du valeureux scientifique que personne ne prend au sérieux. Mais le roman est bien plus complexe qu’un scénario de blockbusters. D’abord, parce qu’il se déroule dans un contexte politique très original où les Etats-Unis ont été rachetés par des industriels chinois qui contrôlent un gouvernement fantoche, et où les islamistes, de plus en plus nombreux, réclament la création d’un état indépendant dans le sud des Etats-Unis. Les principaux personnages ont des parcours particulièrement intéressants. Lewis Crane bien sûr, qui est la figure centrale du roman et son véritable moteur, mais aussi Dan Newcombe, l’un des principaux assistants de Crane, qui se désolidarisera de lui pour embrasser la cause des islamistes, ou encore le Chinois Sumi Chen qui cache un lourd secret. L’intrigue se déroulant sur de nombreuses années, les personnages évoluent tout au long du roman et à la fin, ils ne ressemblent en rien à ce qu’ils étaient au début. L’histoire se détache assez vite des clichés du roman catastrophe du début pour partir dans une direction plus inattendue. Et si l’auteur s’intéresse aux tremblements de Terre, il ne limite pas là son propos et se penche également sur l’évolution politique et économique du monde en reliant de très habile manière ces deux facettes du roman. Les objectifs de la fondation Crane sont souvent la cause d’enjeux politique importants.

10 sur l’échelle de Richter est un roman touffu, mais assez crédible dans son déroulement, même si certaines théories de l’auteur sur la tectonique paraissant plutôt surprenantes. Son principal atout est qu’il réserve bien des surprises et parvient à tenir le lecteur en haleine du début à la fin.
 

Lumière des jours enfuis
avec Stephen Baxter
(The Light of Other Days - 2000 - Editions du Rocher) +++
Lumière des jours enfuisArthur C. Clarke et Stephen Baxter se sont associés pour écrire ce roman basé sur l’existence d’un procédé permettant d'observer n'importe quel point de l'espace et du temps : la Camver.
L’idée a déjà été utilisée dans des romans de SF, notamment dans La Rédemption de Christophe Colomb de Orson Scott Card, et surtout Les Yeux du temps de Bob Shaw, à qui ce roman est d’ailleurs dédié. Si le concept n’est donc pas nouveau, il n’en est pas moins fascinant et offre bien des possibilités que les deux auteurs se sont efforcés de traiter.

La première partie raconte la naissance des Camvers. Né de l’imagination d’un magnat de l’industrie dans les années 2030, il s’agit d’abord d’un simple moyen de communication utilisant les propriétés physiques des « trous de ver » pour relier instantanément deux points de l’espace. Les explications techniques sont d’ailleurs plutôt convaincantes, du moins pour le profane, et rendent particulièrement crédible le reste du roman. Lorsque le système permet de transmettre l’image, la Camver devient d’abord un parfait moyen d’information permettant d’être immédiatement sur les lieux d’un événement, avant les concurrents et à moindres frais. Mais bien sûr, les possibilités d’une telle invention sont immenses et propices à toutes les dérives. Ainsi, les journalistes qui ont accès à cette technologie s’en servent aussi bien pour dénoncer des magouilles politiques ou financières que pour épier l’intimité des célébrités. Alors que l’utilisation des Camvers est encore restreinte à un petit nombre de personnes, le respect de la vie privée vole déjà complètement en éclats : à tout moment de sa vie, chacun peut désormais être observé à son insu.

Bientôt, les Camvers se perfectionnent et deviennent de plus en plus accessibles au grand public. Elles permettent désormais d’atteindre des distances inouïes (et ainsi d’explorer de lointaines planètes), et même d’observer les images du passé. A une période où l’humanité ne croit plus en son avenir (un gigantesque astéroïde menace de détruire la Terre dans 500 ans), un grand nombre de gens se réfugient dans l’exploration de l’histoire. Ainsi, on peut enfin élucider bien des mystères historiques, on connaît enfin la vérité sur la naissance des religions, ce qui ne va pas sans provoquer d’importants remous. La Camver bouleverse inévitablement un grand nombre de certitudes. Les grands hommes du passé ne sont pas exempts de défauts que la mémoire collective a oubliés. La justice a commis des erreurs qui se révèlent d’autant plus tragiques lorsque chacun peut désormais les reconnaître. Certains se réfugient dans le passé en revivant inlassablement les meilleurs moments de leur vie ou ceux passé avec des êtres chers qui ont disparu. D’autres refusent d’être constamment épiés et essayent d’échapper à l’œil impitoyable des Camvers, mais tout le monde voit sa vie changée par cette invention.

Lumière des jours enfuis est un roman de facture très classique rendu passionnant par l’exhaustivité de la description de la Camver, depuis sa création jusqu’à l’exploitation de ses innombrables possibilités et conséquences sur la société humaine. La fascination des personnages du roman pour les images de la Camver évoque bien sûr des échos de notre monde où l’image prend une place de plus en plus importante. Il est facile de se laisser envoûter par les évènements du passé, et les épisodes où les auteurs s’amusent à revisiter l’histoire à leur manière sont parmi les meilleurs du roman. On y apprend la véritable origine du sourire de la Joconde, on assiste à la vie de Jésus ou encore au dernier instant d’un homme préhistorique dont le corps sera retrouvé des siècles plus tard dans les glaces et étudié pas des paléoanthropologues… Autant de moments surprenants, amusants ou tragiques. Mais à trop explorer le passé, on en néglige de se tourner vers l’avenir. C’est la leçon que tireront les personnages du roman qui incarnent les diverses réactions possibles face à la Camver. Le récit se poursuit donc jusqu'à ce que l’humanité digère cette invention à la fois si utile et si dangereuse. Le lecteur peut alors refermer le livre ébloui par les talents d’Arthur C. Clarke et de Stephen Baxter qui se sont conjugués ici pour le meilleur.


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