Robert Silverberg

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Bibliographie de l'auteur



 
La face des eaux
(The face of the waters - 1991 - Livre de Poche 7191) +++
Un assez bon roman de Silverberg sur un monde marin plein de danger. Les personnages sont intéressant et la planète Hydros pleine de surprise. Ce n'est pas un grand Silverberg, juste un bon Silverberg.
Les royaumes du Mur
(Kingdoms of the wall - 1992 - Livre de poche 7205) ++
Chaque années, quarante pèlerins sont désignés et entreprennent l’ascension du Mur, une montagne gigantesque, dans l’espoir de rencontrer les Dieux qui vivent au sommet. Bien peut en revienne et personne n’est jamais parvenu au sommet. Le récit est celui de Poilar Bancroche, qui partira à l’assaut de la montagne et en reviendra pour raconter sont histoire.

L’ascension du Mur, une montagne d’une hauteur inimaginable est  ici l’occasion d’un véritable voyage qui va changer irrémédiablement ceux qui tentent de gravir jusqu'à son sommet, en traversant ses royaumes étranges. Et lorsqu’enfin certains y parviennent, ce qu’il y trouve n’est pas ce qu’il croyait. C’est un voyage étonnant ou le cheminement intérieur des personnages est plus importants que les distances parcourus. L’important ici, c’est la leçon que l’on tire du voyage, pas le voyage en lui même.

Les sorciers de Majipoor
(Sorcerers of Majipoor - 1996 - Robert Laffont Ailleurs & Demain) +++
Sur Majipoor, le règne du Coronal Lord Confalume et du Pontife Prankipin à été long et paisible. Alors que Prankipin se meurt, Confalume s’apprête donc à devenir à son tour Pontife et à désigner Prestimion comme son successeur. Mais à la surprise général, Korsibar, le propre fils de Confalume, poussé par son entourage, s’empare de la couronne à la mort de Prankipin au mépris des traditions. La tension qui s'installe entre Prestimion et Korsibar ne peut conduire qu’a une guerre sanglante.

Silverberg revient dans l’univers de Majipoor pour nous raconter une nouvelle histoire de lutte pour le pouvoir. Dans cette période de l’histoire de la planète, située longtemps avant celle de Valentin, la magie, les sciences occultes et les sorciers tiennent une grande place dans la société. La grande richesse du roman est dans ses personnages, dont Korsibar poussé à prendre le pouvoir, mais trop faible pour l’exercer par lui même, et Prestimion, partager entre son désir de pouvoir et sa répugnance à la guerre. Alors on pardonne à l’auteur les quelques facilités de l’intrigue, et l’on replonge avec plaisir dans l’univers fascinant de Majipoor.

La porte des mondes
(The Gate of Worlds - 1967 - Pocket classiques 6213) ++
La porte des mondesLa peste de 1348 qui décima l’Europe a tuée les trois quart de la population laissant le continent affaibli. Ce qui permit a l’empire Turc de s’étendre jusque en Angleterre. L’Amérique n’a été découverte qu’en 1585 et les empire Aztèques et Incas domine ce continent. Les royaumes d’Afrique occupent également une place importante dans ce monde uchronique.

En 1963, l’Angleterre s’est libérée depuis peu de l’Empire Turc et cherche à se créer une place parmi les grandes nations. Dan Beauchamps, un jeune anglais quitte son pays et s’embarque sans un sous sur un bateau à destination des Amériques pour allez chercher l’aventure.

Un petit roman d’aventures très sympathique et qui est rendu encore plus intéressant par le parallèles qui est fait entre cette histoire alternative et l’histoire réelle. Il est amusant de voir ce roman catalogué comme un « juvénile » dans une collection classique avec une étude (intéressante) du livre.

Le nez de Cleopâtre
(1994 - Denoël Présences) ++
le nez de CléopâtreCe recueil contient 6 nouvelles dont le thèmes communs est l’uchronie.
Dans « Légendes de la forêt Véniane », un vieillard raconte sa rencontre et son amitié, alors qu’il n’était encore qu’un gamin, avec un vieillard vivant seul dans la forêts et qui s’avéra être le dernier descendant des Césars de l’empire Romain, dernier vestige d’un Empire déchu après plus de 2000 ans de règne sur le monde. Une nouvelle au ton nostalgique et désabusé.

Dans « Le traité de Düsseldorf », un extraterrestre revient sur Terre en 1959, après un premier passage ou il empêcha la première guerre mondiale en 1916. Ceci, afin de ralentir le progrès technologique des humains qui inquiète la communauté galactique. Mais tout ne semble pas s’être dérouler comme prévu.

Dans « Tombouctou à l’heure du lion », qui se déroule dans le même contexte historique que la Porte des mondes, Le vieux Roi du Songhai, l’un des plus grand royaumes africains, se meurt. Sa succéssion attire bien des convoitises dans son entourage et de la part des autres nations.

Dans « Le sommeil et l’oubli », des scientifiques captent un signal sonore. Il s’avère qu’il s’agit de voix humaines et les voilà en train de discuter avec Gengis Khan.

« Entre un soldat, puis un autre », des chercheurs travaille sur des simulation informatique de personnages historique. Après quelques échec, il réussisse à créer un Pizarre plus vrai que nature, puis un Socrate virtuel. Le dialogue entre les 2 reconstitutions est assez détonnant.

« Basileus » nous montre un informaticien dont le hobby est de créer des simulations informatiques d’ange.
Un excellent recueil qui explore les méandres de l’histoires avec brio.

Légendes
(Legends - 1998 - Editions 84) +++
[Locus 1999]
LégendesRobert Silverberg a réuni dans cette volumineuse anthologie, onze auteurs de fantasy qu’il a invité à écrire une histoire s’inscrivant dans l’univers de leurs séries la plus célèbre.

C’est Stephen King qui ouvre le bal avec « Les petites sœurs d’Elurie », une nouvelle mettant en scène Roland, le pistolero en quête de la Tour Sombre. Roland se retrouve blessé et prisonnier des petites sœurs d’Elurie qui ne lui veulent pas que du bien… Cette nouvelle n’est hélas pas très enthousiasmante et sans surprise, une déception.

Heureusement, le texte suivant, « La mer et les petits poissons » signé Terry Pratchett est un petit bijou d’humour. Une véritable petite perle mettant en scène l’un des personnage des annales du Disque-Monde : Mémé Ciredutemps.

« Dette posthume » de Terry Goodkind voie une jeune fille venir demander de l’aide au maître sorcier des Midlands alors que le royaume est en guerre. Le récit traîne un peu en longueur, mais réserve néanmoins quelques bonnes surprises.

« L’homme-au-grand-sourire » de Orson Scott Card voit Alvin le faiseur et Arthur Stuart rencontrer Davy Crockett et un meunier indélicat. On retrouve avec plaisir le charme qui se dégage des aventures d’Alvin, mais il y manque tout de même un petit quelques chose.

« Le septième sanctuaire » de Robert Silverberg est une superbe nouvelle ou l’on retrouve Valentin devenu Pontife enquêter sur un meurtre mystérieux lié à la communauté des Métamorphes.

« Libellule » de Ursula K. Le Guin est le récit surprenant d’une jeune fille bravant les conventions se déroulant dans l’univers de Terremer.

« L’homme en flamme » de Tad Williams raconte une histoire édifiante par l’entremise de la vie d’une fille de Roi se déroulant dans l’univers de l’arcane des épées.

« Le chevalier Errant » de George RR Martin est l’un des must de l’anthologie, superbe récit épique d’un jeune chevalier qui se rend à son premier tournoi après la mort de son mentor et qui découvre un monde plus complexe qu’il ne le croyait.

Avec « Messagère de Pern » d’Anne McCaffrey, on se replonge avec plaisir dans l’univers de Pern et ses personnages toujours attachant, mais l’histoire est bien prévisible et n’apporte aucune surprise.

Robert Jordan conclu le volume avec « Renouveau », un long récit complexe ou l’on se perd un peu dans la profusion de lieu et de personnages. Ce récit se déroule avant le premier volume de la Roue du temps.

Au final, une excellente anthologie qui permet de retrouver ou de découvrir quelques un des grands cycles de la Fantasy, mais malgré tout, la plupart des récits ne sont pas tout à fait à la hauteur de ce que peuvent produire leurs auteurs.

Le grand silence
(The Alien Years - 1998 - Flammarion Imagine) +++
Le grand silenceRobert Silverberg nous livre ici sa version de La guerre des mondes. L’histoire commence donc par l’arrivée soudaine de vaisseaux extraterrestres qui atterrissent un peu partout dans le monde. Celui ayant atterri près de Los Angeles a provoqué un gigantesque incendie. De gigantesques créatures d’environ 5m de haut sortent des vaisseaux et s’empare de quelques humains. C’est la panique un peu partout et les autorités sont dépasser par cet événement. S’agit-il d’une invasion ? Rien ne le prouve vraiment. Mais les extraterrestre continue d’ignorer toutes tentatives de contact de la part des humains et provoque même une gigantesque panne d’électricité à l’échelle de la planète. L’humanité est vaincue sans avoir pu combattre. Les quelques tentatives de rébellion se sont soldés par de terribles représailles et l’humanité s’installe alors dans une bizarre routine gouvernée par ces bizarres Entités dont les activités restent totalement incompréhensibles. Au ranch de la famille du colonel Carmichael se sont rassemblés tous les représentants de la famille qui organise une résistance bien passive mais conserve l’espoir et l’idée de liberté. Les années passent et les générations se succèdent tandis que les gens s’accommodent de la vie avec les entités.

Robert Silverberg nous raconte à la fois une histoire d’invasion extraterrestre pleine de tous les clichés que ce thème à déjà rebattu, mais ce roman est aussi une chronique familiale pendant ces temps troubles. Et les clichés s’efface devant le talent de l’auteur qui sait nous surprendre et faire vivre ses nombreux personnages jusqu'à une conclusion inattendue mais très juste.

Horizons lointains
(Far Horizons - 1999 - J'ai Lu Millénaires) ++
[Locus 2000]
Horizons lointainsRobert Silverberg a demandé à des auteurs de science-fiction d’écrire une nouvelle se situant dans l’univers de leurs cycles les plus célèbres, comme il l’avait fait un an plus tôt avec des auteurs de fantasy pour son anthologie Légendes. Le résultat est un épais volume contenant onze textes d’un bon niveau général. Toutefois, au vu du sommaire prestigieux de cette anthologie, le résultat est un peu décevant. Certaines nouvelles, si elles se laissent lire agréablement, n’apportent rien de vraiment neuf à l’univers de leur auteur. C’est le cas pour Une guerre à part de Joe Haldeman qui revient sur le parcours de Marigay Potter lorsqu’elle est séparée de William Mandalay dans La guerre éternelle. Ou encore avec Le conseiller financier où Orson Scott Card nous raconte la rencontre entre Ender le xénocide et Jane, l’intelligence née au cœur du réseau d’information. De même, Le vaisseau qui rentrait à sa base d’Anne McCaffrey est une histoire un brin longuette et sans véritables enjeux. Frederik Pohl quant à lui revient dans l’univers de La Grande Porte avec L’enfant éternel et parvient à nous raconter une belle histoire dont la toile de fond reprend tous les événements importants racontés dans les précédents romans du cycle. Gregory Benford complète son cycle du centre galactique avec Une soif d’infini, long récit de hard-science sur fond de guerre entre humains et Mecas, dont les froides descriptions amoindrissent l’impact des décors grandioses, et qui reste assez hermétique pour qui ne connaît pas le cycle. C’est également le cas pour Le chemin de tous les fantômes de Greg Bear, autre long récit assez ardu qui se déroule dans l’univers de La voie. Avec La tentation, David Brin raconte ce qu’il advient des dauphins renégats qui ont fui le Streaker sur Jijo et complète ainsi un point laissé de côté dans Rédemption

Quelques nouvelles réussissent toutefois à sortir du lot. C’est le cas pour Old Music et les femmes esclaves de Ursula Le Guin, longue nouvelle située dans l’univers des Ekumens. Un membre de l’ambassade de l’Ekumen est pris en otage et se retrouve prisonnier à la fin d’une guerre opposant d’anciens esclaves et leurs anciens maîtres. L’autrice s’attache à nous décrire la vie des petites gens, ceux qui sont les victimes de la guerre quel que soit le camp victorieux, ceux dont le sort n’intéresse personne. Une longue nouvelle, au rythme un peu lent, mais magnifique et bouleversante.

Avec A la rencontre du dragon, Robert Silverberg poursuit le cycle uchronique de Roma Eterna constitué de plusieurs nouvelles dont une seule a été traduite en français à ce jour. (Légendes de la forêt Veniane dans le recueil Le nez de Cléopâtre.) Dans ce cycle de nouvelles, Silverberg imagine un monde où l’Empire romain aurait perduré jusqu'à nos jours. Ici, il s’attache à décrire la décadence de son Empire, symbolisée par l’incompétence des empereurs qui se succèdent. Un historien poursuit tant bien que mal un travail d’étude sur Trajan XVII, l’un des plus grands empereurs de la longue histoire de l’Empire. En même temps, ses talents d’architecte sont mis à contribution par Demetrius, le fils de l’empereur actuel, qui élabore des projets aussi grandioses que grotesques. Entre ces deux empereurs, il ne semble pas y avoir de point commun, et pourtant la folie de Demetrius n’est peut-être pas si éloignée de celle de Trajan XVII. L’historien découvre que lorsqu’on fouille dans le passé, on s’expose à découvrir des choses peu reluisantes. 
Cette longue nouvelle est un passionnant récit d’une histoire qui n’a pas été, et elle pose bien des questions sur le pouvoir et la responsabilité. 

Dan Simmons, lui, revient avec Les orphelins de l’Hélice à son grand cycle d’Hypérion.
Environ 500 ans après la fin de L’éveil d’Endymion, un vaisseau transportant des centaines de milliers de colons partis à la recherche d’un monde à coloniser interrompt sa quête pour répondre à l’appel de détresse d’un anneau forestier extros. L’intrigue est assez minimaliste, mais après un début un peu trop surchargé, on retrouve toute la richesse de cet univers et l’on découvre ce qu’il devient après le moment partagé d’Enée. Cette nouvelle est finalement un bien bel épilogue à la saga d’Hypérion.

Enfin Méfiez-vous du chien qui dort… permet de découvrir l’univers des insomniaques de Nancy Kress. Les insomniaques sont des humains génétiquement modifiés pour ne jamais dormir. L’un des effets secondaires de cette modification, découvert a posteriori, est que les tissus des insomniaques se régénèrent, les rendant ainsi éternels. Dans la nouvelle proposée ici, les insomniaques sont déjà nombreux et organisés. Ils ont également déjà des ennemis… 
Plutôt que de suivre le parcours de ces mutants, Nancy Kress s’attache à une famille pauvre, dont le père croit avoir trouvé le filon de la fortune en vendant des chiens de garde génétiquement modifiés pour être insomniaques. Mais la modification n’a pas les mêmes effets que sur les humains et provoque un drame. Un récit très poignant qui raconte la souffrance humaine face à la science aveugle qui, à vouloir avancer trop vite, provoque des bouleversements inattendus…
L’un des textes forts de l’anthologie, qui fait regretter que Nancy Kress ne soit encore quasiment pas traduite en France.

Au final, malgré la qualité de l’ensemble, c’est un léger sentiment de déception qui domine une fois la lecture achevée. Force est de reconnaître que la plupart des auteurs ne semblent pas s’être trop foulés, livrant des textes pour la plupart sympathiques, mais inférieurs à leurs capacités, se contentant de prolonger leurs univers sans y apporter d’idées nouvelles. Ce constat fait que cette anthologie est à réserver aux fans de SF, aux inconditionnels qui connaissent déjà la plupart des auteurs au sommaire. 

Destination 3001
anthologie (avec Jacques Chambon)
(2000 - Flammarion Imagine) +++
Destination 3001Robert Silverberg et Jacques Chambon se sont associés pour composer cette anthologie dont la première originalité est d’être internationale et de rassembler des textes inédits d’auteurs américains, anglais, français, italiens et allemands. Une heureuse initiative qui semble unique à ce jour et qui propose un sommaire alléchant où l’on retrouve la fine fleur de la SF mondiale.
L’an 2000 a longtemps été synonyme de futur, mais le temps a fini par rattraper et dépasser cette année symbolique. Aussi, pour marquer cette date et le renouveau de la science-fiction, c’est à une lointaine projection vers le prochain millénaire que nous convient les vingt textes de Destination 3001.

Le résultat est à l’image des auteurs au sommaire : talentueux et très varié. Le point commun à tous ces textes s’il faut à tout prix en trouver un, c’est qu’ils sont presque tous placés sous le signe de l’étrangeté. Dans la plupart, on est transporté ailleurs dès les premières lignes, dans un univers dont on va découvrir les règles petit à petit. On pénètre dans des esprits « autres » : c’est le cas par exemple dans le magnifique texte d’Ayerdhal qui décrit selon des points de vue alternés la rencontre entre une expédition scientifique explorant un nouveau monde et la créature marine qui y vit. Dans un registre différent, les textes de Philippe Curval et Gregory Benford abordent eux aussi le thème de la vie extraterrestre.
Mais, s’il est un thème dominant dans cette anthologie, c’est celui des réalités virtuelles. La vie est désormais sauvegardée sur support numérique, au point que l’esprit oublie parfois ce que c’est que d’avoir un corps (Norman Spinrad). Une conscience virtuelle incapable de mourir peut préférer s’incarner dans un corps de chair et de sang (Jean-Claude Dunyach). La mort n’existe pas dans le cyberespace, mais les sauvegardes qui permettent l’immortalité n’en tronquent pas moins une partie des souvenirs (Ricciardiello). On se perd dans les arcanes des univers virtuels qui sont parfois bien plus attrayants que le monde réel (Andreas Eschbach).
Le pessimisme est également de rigueur dans une majorité des textes : l’an 3000 est décadent, l’histoire a conduit l’humanité dans une impasse ou dans de bien étranges directions (en témoignent les textes de Valerio Evangelisti, Robert Silverberg, Joël Houssin, Sylvie Denis, Dan Simmons). Seul le texte de Karen Haber, où les membres d’une famille supportent à tour de rôle la tête cybernétique contenant la personnalité d’une aïeule acariâtre est plutôt amusant, ainsi que celui de Paul J. McAuley qui met en scène de bien maladroits voyageurs temporels.
Le reste réserve encore pas mal de bonnes surprises : on y retrouve Orson Scott Card avec l’exploration originale d’univers parallèles, Joe Haldeman qui ouvre l’anthologie avec un texte très court mais très réussi, Christopher Priest qui nous fait vivre l’errance d’un déserteur avec un texte qui se rapproche de la littérature générale, Nancy Kress avec un récit poignant où des êtres qui vénèrent leurs créateurs humains comme des dieux sont abandonnés par eux, Serge Lehman avec un space opera assez classique, et enfin Roland C. Wagner avec l’un des clous de l’anthologie : Marche ou crève, où une gigantesque panne des ordinateurs biologiques devenus indispensables à la vie quotidienne force un vieillard à retarder son rendez-vous avec la mort.

Ce tour d’horizon rapide ne rend toutefois pas justice à la richesse et à la diversité des textes. Cette anthologie représente un fort beau panel des thèmes de la science-fiction actuelle et chacun y trouvera selon ses préférences de quoi se rassasier. Et si l’on ne doit retenir qu’un seul texte, la perle indispensable à toute bonne anthologie, ce sera Paradi de Valerio Evangelisti, qui se déroule sur une Terre entièrement peuplée de fous. Une vision du futur saisissante et particulièrement marquante, qui justifie à elle seule l’existence de cette anthologie.

Prestimion le Coronal
(Lord Prestimion - 1999 - Robert Laffont Ailleurs & Demain) +
Prestimion le CoronalPrestimion le Coronal est le sixième roman situé dans l’univers de Majipoor. Il est la suite directe des sorciers de Majipoor qui se terminait par l’accession au pouvoir de Prestimion de Muldemar, après une sanglante guerre civile.

Avec l’aide de quelques sorciers, Prestimion a décidé d’effacer de la mémoire collective ce triste épisode de l’histoire de la planète. Mais dans cette suite, on apprend qu’une inquiétante vague de folie se propage sur toute la planète et Prestimion craint qu’elle ne soit la conséquence de sa décision.
La planète géante Majipoor fait partie de ces univers riches et chatoyants dans lesquels on a ordinairement plaisir à se replonger. Hélas, ce nouvel épisode du cycle est extrêmement décevant. L’intrigue est aussi mince que le roman est volumineux. Robert Silverberg tire à la ligne et nous égare dans un nombre incroyable de digressions, ce qui donne l’impression que le roman a été écrit au fil de la plume. Cela occasionne des scènes parfois surprenantes ou incongrues perdues au milieu d’une foule de lieux communs et de répétitions. Ainsi Dantirya Sambail, le puissant procurateur du continent voisin de Zimroel qui a failli tuer Prestimion lors de la guerre civile, recouvre fort opportunément la mémoire et parvient non moins opportunément à s’échapper des prisons du château du Coronal ! Prestimion, nouveau monarque d’une planète de plusieurs milliards d’individus, s’empresse alors de délaisser ses devoirs et passe le plus clair de son temps à parcourir la planète à la poursuite de son ennemi. Entre deux escapades, il trouve tout de même le temps de se marier, mais la romance est bien vite expédiée et fort peu crédible. Prestimion est un personnage pour lequel on n'éprouve pas de sympathie, et on a d’autant plus de mal à s’intéresser à ses problèmes. Il ne reste guère pour le plaisir du lecteur qu’une succession de descriptions des lieux les plus étranges de Majipoor. Mais Le château de Lord Valentin nous a déjà permis de parcourir ce monde fascinant dans de bien meilleures conditions, et Prestimion le Coronal fait bien pâle figure en comparaison.
Robert Silverberg signe donc là un roman fort évitable, que l’on ne peut qualifier que d’alimentaire.

Les monades urbaines
(The World Inside - 1971 - Livre de poche 7225)
Les monades urbaines[critique à venir]


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