Remake
(Remake - 1995 - J'ai Lu 4429) +++ [Locus 1996] |
Dans un futur proche, Hollywood ne tourne plus de films, il est plus rentable de faire des remakes en bidouillant les anciens films par infographie (Stallone jouant dans Ben-Hur !). Le travail du personnage principal est d'enlever toutes présence de substance tel tabac, alcool et drogue des films, et peu importe si par cela, il y perdent tout sens. Un avenir bien sombre pour le cinéma. Une vision de l'industrie hollywoodienne décapante, avec une réflexion sur la censure, et la pérennité du cinéma et de ses oeuvres. Un régal pour tout cinéphile, car les exemples sont nombreux, et plus encore pour les amateurs de comédie musicale et de Fred Astaire en particulier. |
Sans
parler du chien
(To Say Nothing of the Dog - 1997 - J'ai Lu Millénaires) +++ [Hugo 1999] [Locus 1999] |
Après
Le
Grand Livre, Connie Willis réutilise, mais de manière
totalement différente et indépendante, son université
d’historiens du XXIème siècle qui se servent du voyage dans
le temps comme moyen d’étude. Ici, les historiens sont tous accaparés
par un gigantesque projet de reconstruction de la cathédrale de
Coventry. Projet qui devrait leur amener des subventions, mais la responsable
du projet est une véritable furie, aux exigences plus extravagantes
les unes que les autres. Aussi, lorsqu’une de ses collègues provoque
un paradoxe temporel en sauvant de la noyade un chat du XIXéme siècle,
c’est un historien complètement déphasé par un trop
grand nombre d’aller-retour dans le temps qui est envoyé dans le
passé pour résoudre le problème. Le déphasage
affecte le bon sens du héros, qui est complètement à
côté de la plaque, mélangeant les époques et
les situations sans vraiment comprendre les objectifs de sa mission. Ladite
mission prend donc un bien mauvais départ !
Connie Willis possède une méthode très particulière mais fort réjouissante, qui consiste à faire se télescoper des personnages et des situations en complet décalage. Ainsi, elle excelle à nous faire suivre des discussions où les protagonistes ne sont pas tous sur la même longueur d’onde. Le voyage temporel rend ce genre de scènes particulièrement cocasses et Connie Willis s’en donne à cœur joie avec beaucoup d’humour, même s’il est parfois un peu difficile de la suivre, notamment lorsqu’elle fait continuer une phrase par un personnage qui parle d’un sujet totalement différent du précédent. Quand ce procédé se répète fréquemment, le lecteur a intérêt à être attentif s’il ne veut pas être aussi perdu que les personnages du roman ! Ceux-ci semblent d’ailleurs constamment dépassés par les évènements, toujours sous pression, assaillis par une flopée de problèmes souvent futiles en apparence. C’est surtout vrai pour le voyageur temporel qui en s’efforçant de résoudre un paradoxe dont il ignore les conséquences sur le continuum, ne semble capable que d’en créer d’autres. Connie Willis se joue également des clichés avec ironie, comme par exemple lorsque le narrateur fraîchement débarqué au XIXème siècle peste contre l’absence de repères temporels en se rappelant ces histoires où le voyageur du futur tombe inopinément sur une horloge ou un journal qui lui indique sa position dans le temps. Aussitôt, le vent lui amène gracieusement un journal qui s’avérera plus tard ne pas être de la bonne date ! Bref, Connie Willis s’amuse beaucoup et le lecteur avec elle. Mais elle
n’oublie pas pour autant de nous raconter une histoire : la résolution
des énigmes et des paradoxes temporels que rencontrent les personnages
est particulièrement réjouissante. La théorie classique
selon laquelle un événement insignifiant peut bouleverser
l’histoire est très intéressante et très bien exploitée
par l’intrigue.
Sans parler du chien est donc un fort bon roman qui revisite d’une manière bien à lui le thème pourtant rebattu du voyage dans le temps. |